Cyber haine : Aperçus juridiques, psychologiques et culturels

Un compte rendu de Handbook on Cyber Hate: The Modern Cyber Evil – Volume 13 de la Série de livres sur la jurisprudence visuelle et le droit (Springer).

Anne Wagner
Anne Wagner
Les individus sont de plus en plus exposés aux défis psychologiques d'internet. Photo de Alexander Grey.

Le Handbook on Cyber Hate: The Modern Cyber Evil, édité par Anne Wagner et Sarah Marusek, est un ouvrage interdisciplinaire essentiel qui aborde le phénomène complexe de la cyberhaine.

Rassemblant des experts internationaux de divers domaines tels que le droit, la psychologie, les études culturelles et la sémiotique, le livre propose un examen complet de la montée de l'agression en ligne.

Le chapitre d'ouverture, «Navigating the Murky Waters of Modern Cyber Evil» (pp. 1-12), introduit habilement les différents aspects de l'agression numérique, plaçant la cyberhaine comme un défi dynamique et omniprésent dans notre monde interconnecté.

1. Contexte et portée

Les éditeurs présentent la cyberhaine comme une forme moderne de malveillance rendue possible par la révolution numérique. Le chapitre introductif compare l'expansion du mal cybernétique à la croissance rhizomatique d'une plante, signifiant sa nature décentralisée et complexe.

Comprendre les aspects psychologiques de la cyberhaine est crucial pour développer des interventions plus efficaces.

La cyberhaine peut se manifester de différentes manières, y compris le harcèlement en ligne, le trolling et le cyberharcèlement, tous traversant les frontières géographiques et culturelles. La portée du livre couvre une gamme de sujets, des défis de la réglementation juridique aux répercussions psychologiques sur les victimes et à la réflexion de la cyberhaine dans les médias et la culture.

Grâce aux contributions de diverses disciplines académiques, le Handbook on Cyber Hate offre une vision multifacette du paysage de l'agression numérique, soulignant le besoin d'efforts collaboratifs pour lutter contre ce problème sur les fronts juridique, social et technologique.

2. Principaux arguments

La régulation juridique de la cyberhaine est un thème central dans le livre, en particulier le défi de gouverner un comportement qui transcende les frontières nationales. Dans son chapitre «The Legal Categorization of Cyber Hate: A Corpus-Assisted Exploration» (pp. 237–260), Daniel Green discute des incohérences dans la définition de la cyberhaine, compliquant les efforts d'application des réponses légales. Il montre que les catégories juridiques traditionnelles sont souvent insuffisantes pour aborder les nuances de l'agression en ligne.

La cyberhaine n'est pas seulement un défi juridique, mais aussi un problème psychologique et émotionnel profond.

Le chapitre d'Aashish Srivastava, « Social Media and Online Trolling: Examining the Legal Developments in Platform Responsibilities » (pp. 275–300), explore davantage comment les entreprises de réseaux sociaux doivent être tenues responsables de la modération du discours haineux et du trolling.

Srivastava soutient que ces plateformes doivent mettre en place des outils de modération plus robustes et appliquer des politiques claires pour réduire les dommages causés par la haine en ligne.

2.2. Théorie de la e-victimisation et de la e-prédation

La théorie de la e-victimisation et de la e-prédation d'Anne Wagner, présentée initialement dans un numéro spécial de Social Semiotics en 2019, est développée dans ce volume (pp. 303–318).

Silhouette d'un homme travaillant sur un ordinateur portable au crépuscule, surplombant une vue urbaine, symbolisant la nature omniprésente de la cyberhaine dans un monde de plus en plus numérique et interconnecté.
La cyberhaine expose les vulnérabilités de l'interaction numérique, impactant à la fois le discours public et la sécurité individuelle en ligne. Photo de Avi Richards.

Wagner explore comment la e-prédation, un terme qui englobe un large éventail d'attaques numériques telles que le cyberharcèlement et le harcèlement, laisse aux victimes des cicatrices psychologiques durables, des effets qui sont encore amplifiés par l'E-Agora 2.0 à double face, où les plateformes en ligne favorisent à la fois l'engagement démocratique et des comportements nuisibles comme le cyberharcèlement et le trolling, impactant profondément le bien-être mental et la vie sociale des victimes.

En outre, le concept de Wagner et Yu de l’appareil machiavélique du cyberharcèlement (2021) est discuté (pp. 945–963), expliquant comment les agresseurs manipulent les plateformes numériques pour contrôler leurs victimes par la tromperie, l'anonymat et le harcèlement ciblé. Cette théorie éclaire la nature stratégique de l'agression en ligne et les défis de son traitement dans les cadres juridiques.

2.3. Envie cybernétique

Le chapitre de Massimo Leone, « Cyber Envy» (pp. 15–34), offre une perspective psychologique sur l'une des causes fondamentales de l'agression en ligne. Leone affirme que l'envie, provoquée par les vies idéalisées présentées sur les réseaux sociaux, alimente une grande partie de la haine et du trolling observés en ligne.

Les plateformes de réseaux sociaux amplifient l'envie en exposant constamment les succès, apparences et modes de vie des autres, créant des réponses émotionnelles qui mènent souvent à des actes d'agression. Bien que l'envie cybernétique se manifeste par des attaques personnelles ou des commentaires haineux, elle reflète également les luttes émotionnelles plus profondes auxquelles les individus font face à l'ère numérique.

Leone met en évidence comment cette agression alimentée par l'envie devient performative, transformant les actes de haine en ligne en spectacles sociaux visant à obtenir la validation des pairs. Cet angle émotionnel et psychologique est essentiel pour comprendre comment l'agression en ligne est nourrie par plus que des différences idéologiques ou sociales.

2.4. Réflexions culturelles sur la cyberhaine

Dans « Cyberbullying Movies: The Relevance of the Cinematic Portrayal of Cyberbullying » (pp. 425–442), Marcel Danesi examine comment les films et séries télévisées dépeignent le cyberharcèlement, sensibilisant le public à ses impacts.

Bien que souvent dramatisées, ces représentations aident le public à saisir les conséquences réelles de l'agression numérique. Danesi soutient que les représentations médiatiques servent de catalyseur pour des conversations sociétales plus larges sur le comportement en ligne et ses répercussions.

Conclusions et directions futures de recherche

Le Handbook on Cyber Hate jette les bases pour une exploration plus approfondie de la nature complexe de l'agression en ligne. Comme le démontrent les théories d'Anne Wagner sur la e-victimisation et l'appareil machiavélique du cyberharcèlement, la cyberhaine n'est pas seulement un défi juridique, mais aussi un problème psychologique et émotionnel profond. Les recherches futures devraient se concentrer sur la compréhension de l'impact de la cyberhaine sur les populations vulnérables, y compris les minorités et les adolescents, qui sont fréquemment ciblés dans les espaces numériques.

L'exploration de Massimo Leone sur l'envie cybernétique fournit un aperçu précieux des moteurs émotionnels de l'agression en ligne. Le rôle des réseaux sociaux dans l'amplification des sentiments d'inadéquation et d'envie souligne le besoin de stratégies qui favorisent la résilience émotionnelle et l'empathie numérique. Comprendre les aspects psychologiques de la cyberhaine est essentiel pour développer des interventions plus efficaces.

As the introductory chapter suggests, the spread of cyber evil is decentralized and adaptive, necessitating similarly flexible responses. International cooperation is essential for addressing this global issue, and social media platforms must continue to enhance their moderation efforts to mitigate harm while preserving freedom of expression.

En conclusion, The Handbook on Cyber Hate: The Modern Cyber Evil est une ressource indispensable pour les universitaires, les décideurs politiques et les praticiens qui cherchent à comprendre et à affronter la menace croissante de l'agression en ligne. Il offre une base théorique riche et des perspectives pratiques qui seront inestimables à mesure que le monde numérique continue d'évoluer.

Comment citer cet article

Wagner, A. (2024, 19 septembre). Cyber haine : Aperçus juridiques, psychologiques et culturels. Politics and Rights Review. https://politicsrights.com/fr/cyber-haine-apercus-juridiques-psychologiques-culturels/

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Professeure associée permanente de recherche à l'Université de Lille, France. Elle est titulaire d'un doctorat en jurilinguistique de l'Université du Littoral Côte d'Opale (1999) et d'une "Habilitation en Droit Privé" de l'Université de Lille (2015). Ses recherches portent sur la sémiotique juridique, les études visuelles, la culture juridique, la traduction et le discours. Wagner est Rédactrice en Chef de l'International Journal for the Semiotics of Law et coédite plusieurs séries sur la