Pourquoi le nationalisme : Politique, droits et identité

Karel J. Leyva
Karel J. Leyva
Photo par Dzulfahmi Fauzan.

Le livre de Yael Tamir, "Why Nationalism," propose une exploration de la relation complexe entre le nationalisme et le libéralisme. Le livre examine en profondeur les mérites et les défis du nationalisme, le décrivant comme une force dualiste capable d'unir et de diviser les sociétés.

Tout au long du livre, elle affirme que pour que le libéralisme prospère de manière authentique, il doit être renforcé par des principes nationalistes. Cette perspective repose sur la conviction que le nationalisme, lorsqu'il est exploité correctement, peut servir de force politique constructive et novatrice.

Dualité du nationalisme

 

Tamir discerne deux formes prédominantes de nationalisme. La première tourne autour de régions telles que la Catalogne et l'Écosse, mettant en évidence le désir d'autonomie. Cette manifestation du nationalisme découle d'une quête authentique d'autonomie mais peut inadvertidement éroder la solidarité civique des États-nations.

La deuxième forme, qualifiée par Tamir de 'nationalisme des vulnérables', concerne ceux marginalisés par la hyper-globalisation. Ces individus se tournent vers le nationalisme comme un moyen d'exprimer leurs préoccupations, cherchant la reconnaissance, et affirmant leurs droits dans le cadre national plus large.

Tamir souligne la nécessité d'un nouveau contrat social. À une époque où les capacités de distribution des États-nations diminuent et où l'homogénéité culturelle est mise à mal, elle plaide en faveur de l'État-nation comme la seule option viable. L'incapacité du globalisme à supplanter le nationalisme, comme le suggère Tamir, pourrait refléter davantage les dynamiques géopolitiques actuelles que tout défaut intrinsèque du globalisme lui-même.

Perspectives défiantes

 

Malgré ses nombreux mérites, le livre invite à examiner certaines dimensions des arguments de Tamir. Sa critique de la politique identitaire, même lorsqu'elle plaide simultanément en faveur des groupes que ces politiques visent à renforcer, introduit une paradox notable. 

Cette juxtaposition, combinée avec l'absence d'une alternative distincte, suscite des doutes quant à la cohérence fondamentale du livre. Cette dualité remet subtilement en question son affirmation globale selon laquelle le nationalisme constitue le socle indispensable des démocraties libérales modernes.

Bien que Tamir reconnaisse le rôle de l'éducation dans la construction de la nation, elle semble négliger son potentiel en tant que pivot pour favoriser la cohésion sociale dans les sociétés multiculturelles. Sa description du nationalisme établit une frontière nette entre les nationaux et d'autres, tels que les immigrants et les minorités ethniques. Malheureusement, cette perspective passe sous silence les dynamiques complexes auxquelles sont souvent confrontés les immigrants de deuxième et troisième génération, jonglant entre leur culture ancestrale et la nation adoptée.

Nationalisme Idéalisé

La position incontestée du livre concernant les sentiments exclusifs des majorités nationales, associée à une propension à rationaliser leurs interprétations souvent édulcorées des événements historiques controversés de leur nation, est déconcertante. En se référant principalement au contexte nord-américain, Tamir présente une perspective idéalisée sur les avantages de la nationalité.

Cette perspective, qui semble équivaloir les privilèges vécus par les hommes blancs américains à ceux des communautés marginalisées, comme la population afro-américaine, risque de simplifier à l'excès les dynamiques nuancées de domination, qu'elles soient interculturelles ou patriarcales.

Tamir’s work, while illuminating the complexities of nationalism, also skirts vital discussions, such as the rationale behind the adoption of specific multicultural policies and their subsequent impact on democratic values. While acknowledging the significance of the vulnerability of national majorities, it remains essential to acknowledge that this vulnerability doesn’t inherently overshadow that of other citizens.

Conclusion

En conclusion, 'Why Nationalism', malgré ses précieuses idées, demande une approche discernante. La représentation du nationalisme dans le livre, tout en offrant une vision non critique des sentiments exclusifs des majorités nationales, a tendance à légitimer leurs interprétations de l'histoire de leur nation.

 De plus, la conception idéalisée de la construction de la nation de Tamir, en particulier dans le contexte nord-américain, néglige les complexités de la domination qui entravent l'agence de certains individus.

Le travail néglige également les justifications sous-tendant l'adoption de politiques multiculturelles et leurs répercussions sur les valeurs démocratiques. En effet, la vulnérabilité des majorités nationales a un poids moral, mais n'est pas intrinsèquement supérieure aux vulnérabilités auxquelles font face les autres citoyens.

 

Partager cet article
Suivre :
Ph.D. en Philosophie politique (Université Paris Sciences et Lettres). Chercheur associé à l'Université de Montréal, spécialisé en théorie politique et pluralisme. Rédacteur en chef de Politics and Rights Review.