Protections légales pour la diversité religieuse: Lacunes et défis

La protection légale de la diversité religieuse a évolué au fil des siècles, reflétant divers contextes historiques et culturels, mais reste marquée par des lacunes et des chevauchements qui compliquent son efficacité.

Eduardo Ruiz Vieytez
Eduardo Ruiz Vieytez
Le peuple Rohingya est un groupe minoritaire musulman du Myanmar qui fait face à des défis significatifs, y compris une protection juridique limitée. Photo par Austcare.

Introduction

La protection légale de la diversité religieuse dans le cadre des droits humains est complexe et évolutive. La résurgence des demandes motivées religieusement dans les sociétés actuelles nécessite des définitions plus claires de la relation entre les droits humains et la diversité religieuse. Les réglementations légales actuelles, influencées par des contextes historiques et nationaux variés, créent un cadre fragmenté et insuffisant.

Différents pays gèrent la diversité religieuse de manières divergentes, façonnées par leurs histoires, cultures et traditions juridiques correspondantes. Ces approches différentes peuvent conduire à des incohérences et des lacunes dans la protection légale des minorités religieuses, tant au niveau national qu'international.

Cet article propose un changement vers une approche plus inclusive dans la protection légale de la diversité religieuse. Au lieu de se concentrer uniquement sur la protection de certains groupes minoritaires, il plaide pour l'extension de la protection à toutes les affiliations religieuses (et/ou non religieuses) qui ne sont pas majoritaires dans un État. Cela implique de s'éloigner des droits différenciés pour des minorités religieuses spécifiques. Tous les groupes religieux devraient être protégés par des droits universellement reconnus de liberté de religion et de non-discrimination. Ce cadre plus large répond aux divers besoins découlant des identités religieuses de manière plus équitable.

L'approche actuelle de la religion et des droits humains nécessite de concilier le respect de la diversité religieuse et le respect des droits humains.

De plus, l'article souligne l'importance de gérer la diversité religieuse sur la base de principes démocratiques. Cela nécessite un cadre légal et institutionnel qui protège activement les droits de tous les individus, indépendamment de leur affiliation religieuse. Clarifier et renforcer les protections légales pour la diversité religieuse peut nous aider à construire une société qui embrasse vraiment le pluralisme. Cette approche inclusive vise à créer un environnement juridique cohérent et équitable où tous les groupes religieux, quelle que soit leur taille ou leur influence, devraient bénéficier d'une protection égale en vertu de la loi.

Religion et droits humains : La base de l'approche actuelle

La protection légale de la diversité religieuse est entrelacée avec les droits humains, reflétant un phénomène profondément enraciné dans l'histoire humaine. La religion, avec sa large gamme de croyances et de pratiques, a été fondamentale dans la formation des sociétés nationales. Son influence imprègne les identités individuelles et collectives, créant une interaction complexe entre foi et perception de soi. Cette relation est dynamique et évolue avec des facteurs sociaux, culturels et politiques qui interagissent en permanence.

Gérer la diversité religieuse est essentiel pour les sociétés démocratiques.

Le processus de sécularisation influence significativement cette relation, transformant la manière dont les individus et les sociétés perçoivent et pratiquent la religion. Il conduit souvent à des phénomènes tels que « croire sans appartenir, » où les croyances personnelles existent sans affiliation formelle aux institutions religieuses; ou comme « appartenir sans croire », par lequel les gens s'identifient culturellement ou socialement aux communautés religieuses malgré l'absence de croyance personnelle forte. Ces concepts mettent en évidence les différentes façons dont les gens se rapportent à la religion dans les sociétés actuelles, compliquant la gestion nécessaire de la diversité religieuse (et non religieuse).

Legal Protections: The Harmandir Sahib, informally referred to as the "Golden Temple", is the holiest Sikh gurdwara located in the city of Amritsar, Punjab, India.
Harmandir Sahib, le gurdwara sikh le plus sacré, situé à Amritsar, Punjab, Inde. Photo par Water Alternatives Photos (CC BY NC).

Gérer la diversité religieuse est essentiel pour les sociétés démocratiques. Malgré divers modèles basés sur les principes des droits humains, ces cadres n'ont pas pleinement répondu aux demandes contemporaines des identités religieuses. Les modèles existants ont souvent du mal à s'accommoder de la nature fluide et évolutive de l'expression et de l'affiliation religieuses, et les cadres juridiques et institutionnels enracinés dans des contextes historiques peuvent ne pas s'aligner avec les réalités actuelles, exacerbant ce défi.

L'intersection de la religion et des droits humains présente des défis uniques. Les deux visent à promouvoir la dignité humaine, mais leur relation est souvent parsemée de tensions. Les religions, avec leurs visions transcendantes, entrent parfois en conflit avec les aspirations universalistes des cadres des droits humains. Cette tension est évidente lorsque les doctrines religieuses entrent en conflit avec les principes des droits humains, tels que l'égalité des sexes ou la liberté d'expression.

Aborder ces défis nécessite une compréhension nuancée de la relation entre la religion et les droits humains. Cela implique de reconnaître la valeur intrinsèque de la diversité religieuse tout en veillant à ce que les principes des droits humains soient respectés. En favorisant une approche inclusive dans la protection légale, les sociétés peuvent mieux naviguer dans les complexités de la diversité religieuse. Cela garantit que toutes les personnes, quelle que soit leur foi ou croyance, soient traitées avec respect et dignité.

En bref, l'approche actuelle de la religion et des droits humains nécessite de concilier le respect de la diversité religieuse et le respect des droits humains. Cet équilibre est crucial pour développer des sociétés démocratiques qui valorisent et protègent diverses identités religieuses. Grâce à une adaptation continue et des cadres juridiques inclusifs, il est possible de répondre aux demandes évolutives de la diversité religieuse, en honorant à la fois les droits individuels et collectifs.

La protection légale de la diversité religieuse a des racines historiques profondes liées à l'évolution des droits humains. Les origines des droits humains modernes remontent à des mouvements significatifs tels que la Réforme Protestante et le rationalisme des Lumières. Ces mouvements ont été fondamentaux pour façonner les compréhensions contemporaines de la liberté individuelle et de la tolérance religieuse.

Pendant la Réforme Protestante, les défis à l'autorité de l'Église catholique ont initié une reconsidération de la religion et de la gouvernance. Cette période a vu l'émergence d'idées prônant l'autodétermination religieuse individuelle. Des réformateurs comme Martin Luther et John Calvin ont mis l'accent sur la conscience individuelle, contribuant au concept évolutif de la liberté religieuse.

Historiquement, la tolérance religieuse est souvent apparue par nécessité plutôt que par conviction.

Les Lumières ont encore avancé ces idées en promouvant le rationalisme et les droits individuels. Des philosophes comme Locke et Voltaire ont plaidé pour la séparation de l'Église et de l'État. Ils ont soutenu que la croyance religieuse devait être une affaire personnelle libre de toute ingérence gouvernementale. Ce changement a été crucial pour façonner les États laïques modernes et leur approche de la diversité religieuse.

Historiquement, la tolérance religieuse est souvent apparue par nécessité plutôt que par conviction. À mesure que certaines sociétés devenaient plus diversifiées, la gestion du pluralisme religieux devenait de plus en plus pressante. Cette approche pragmatique de la tolérance a évolué vers une reconnaissance plus large des libertés individuelles et des droits des minorités. L'acceptation progressive de la diversité religieuse est évidente dans divers cadres juridiques et traités à partir du XVIIe siècle.

La Société des Nations et plus tard les Nations Unies ont joué des rôles essentiels dans la promotion des droits humains, y compris les libertés religieuses.

Un jalon significatif fut la Paix de Westphalie en 1648, mettant fin à la guerre de Trente Ans en Europe. Par la suite, plusieurs traités ont inclus des dispositions pour la tolérance religieuse, permettant à différentes confessions chrétiennes de coexister. Cela a marqué un changement significatif vers la reconnaissance des droits des minorités religieuses et a établi un précédent pour les futures protections légales. Les traités et instruments juridiques subséquents se sont appuyés sur cette fondation. Ces accords ont reflété une prise de conscience croissante de la nécessité de protéger les droits individuels au sein de sociétés diverses, reconnaissant la tolérance religieuse comme une pierre angulaire de la paix et de la stabilité.

Le XVIIIe siècle a vu des avancées supplémentaires avec la Déclaration d'Indépendance américaine et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen française. Les deux documents ont consacré les principes de liberté et d'égalité individuelles, y compris le droit à la liberté religieuse. Ces déclarations ont été fondamentales dans la formation des sociétés démocratiques modernes et de leurs cadres juridiques.

Aux XIXe et XXe siècles, la protection de la diversité religieuse est devenue de plus en plus institutionnalisée tant au niveau national qu'international. La Société des Nations et plus tard les Nations Unies ont joué des rôles essentiels dans la promotion des droits humains, y compris les libertés religieuses. L'adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948 a marqué un engagement mondial à protéger les droits individuels, y compris la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Aujourd'hui, l'évolution historique des protections juridiques pour la diversité religieuse souligne la nécessité de trouver un équilibre entre les libertés individuelles et les intérêts collectifs de la société. Cette perspective met en lumière les progrès réalisés et les défis qui subsistent pour assurer une protection juridique complète pour tous les groupes religieux. En tirant les leçons du passé, les cadres juridiques contemporains peuvent mieux répondre aux complexités de la diversité religieuse dans les sociétés modernes.

La protection légale de la diversité religieuse dans les sociétés démocratiques contemporaines repose sur la démocratie représentative et la séparation de l'Église et de l'État. Ces principes garantissent la liberté individuelle et la neutralité de l'État en matière religieuse. La gestion efficace de la diversité religieuse nécessite de reconnaître les droits des communautés religieuses et de s'assurer que le statut de minorité ne supprime pas l'expression religieuse.

La démocratie représentative met l'accent sur la participation de tous les citoyens au processus politique, y compris ceux issus de diverses origines religieuses. Cette approche inclusive prend en compte diverses perspectives religieuses dans les politiques publiques. Elle nécessite également un cadre juridique robuste pour protéger les libertés religieuses et prévenir la discrimination religieuse.

La neutralité de l'État en matière religieuse est étroitement liée à la protection de la liberté religieuse.

La séparation entre l'église et l'État est cruciale pour assurer la liberté religieuse.

Ce principe exige que l'État reste neutre en matière religieuse, ne soutenant ni ne s'opposant à aucune religion. Une telle neutralité favorise une société pluraliste où les individus peuvent pratiquer librement leur religion sans ingérence de l'État.

Elle empêche également les groupes religieux d'exercer une influence indue sur les affaires de l'État, maintenant une frontière claire entre les fonctions religieuses et gouvernementales.

La neutralité de l'État en matière religieuse est étroitement liée à la protection de la liberté religieuse. L'État doit créer un environnement où tous les groupes religieux peuvent coexister pacifiquement. Cela implique la mise en œuvre de lois et de politiques qui protègent les droits des minorités religieuses et préviennent la discrimination religieuse. En maintenant la neutralité, l'État garantit une protection égale pour tous les individus, quelle que soit leur affiliation religieuse.

Gérer la diversité religieuse implique également de reconnaître le rôle des identités religieuses dans la mobilisation des individus et la structuration des dynamiques sociétales. Les communautés religieuses influencent souvent l'opinion publique et la politique. Par conséquent, les cadres juridiques doivent répondre aux divers besoins de ces communautés tout en veillant à ce que leurs droits ne portent pas atteinte à ceux des autres.

En pratique, cela signifie aborder des questions telles que l'éducation religieuse, accommoder les pratiques religieuses dans les institutions publiques, et protéger les symboles religieux. Les systèmes d'éducation publique doivent équilibrer l'inclusivité et la laïcité avec les droits des parents à fournir une éducation religieuse. De même, les institutions publiques doivent accommoder les pratiques religieuses, telles que les restrictions alimentaires et les codes vestimentaires, en respectant les droits de chacun.

Les lois anti-discrimination sont également cruciales pour protéger la diversité religieuse. Ces lois doivent être complètes et effectivement appliquées pour prévenir la discrimination fondée sur la religion. Les protections juridiques doivent s'étendre à la vie publique et privée, y compris l'emploi, le logement et l'accès aux services.

Les instruments internationaux des droits de l'homme, tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), fournissent des protections supplémentaires à cet égard. Ces instruments établissent des normes internationales pour protéger la liberté religieuse et la non-discrimination, servant de références pour les lois nationales.

En résumé, les cadres juridiques et les principes contemporains pour gérer la diversité religieuse doivent garantir que tous les individus, quelle que soit leur affiliation religieuse, soient traités avec dignité et respect. Maintenir la démocratie représentative et la neutralité de l'État, et mettre en œuvre des lois anti-discrimination robustes, peut protéger efficacement la diversité religieuse et promouvoir l'harmonie sociale dans une société plus inclusive et équitable.

Cadre réglementaire international

Le cadre juridique international pour la protection de la diversité religieuse comprend des instruments clés qui établissent des principes de liberté de religion et de non-discrimination. Parmi ceux-ci figure la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), adoptée en 1948. La DUDH consacre le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, permettant aux individus de pratiquer toute religion ou aucune sans crainte de persécution.

A group of individuals involved in a religious ceremony, are seated closely together with shaved heads and dressed in white robes, symbolizing unity and devotion. Their arrangement facing forward highlights a communal focus on spiritual activities, emphasizing the importance of legal protections for freedom of religion.
Être une minorité spirituelle dans certaines régions implique des défis pour maintenir les pratiques et croyances religieuses au milieu de paysages culturels diversifiés.

Un autre instrument fondamental est le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), dont l'Article 18 protège explicitement la liberté de religion, permettant aux individus d'avoir, d'adopter et de pratiquer la religion ou la croyance de leur choix. Le pacte interdit également la discrimination fondée sur la religion, garantissant que les individus ne soient pas traités injustement en raison de leurs croyances ou pratiques religieuses. Cette protection globale souligne l'engagement de la communauté internationale à maintenir la liberté religieuse comme un droit humain fondamental.

Les constitutions peuvent faire référence à la religion de différentes manières, des mentions symboliques dans les préambules à la gouvernance détaillée des relations État-religion.

Malgré ces bases solides, la protection explicite des minorités religieuses au sein des cadres internationaux est appliquée de manière moins cohérente. Bien que le PIDCP et la DUDH établissent des principes généraux, les protections spécifiques pour les minorités religieuses dépendent souvent de traités et déclarations supplémentaires. Par exemple, la Déclaration sur l'élimination de toutes formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1981, aborde les questions de discrimination et d'intolérance religieuses, exhortant les États à prendre des mesures positives.

D'autres instruments significatifs incluent la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) et la Déclaration sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques (DNUDPM). L'Article 30 de la CDE garantit les droits des enfants des groupes minoritaires à jouir de leur culture, à pratiquer leur religion et à utiliser leur langue. La DNUDPM, adoptée en 1992, met l'accent sur la préservation de l'identité et des droits des groupes minoritaires, y compris les minorités religieuses, et appelle les États à garantir leur protection et leur promotion.

La Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), en particulier l'Article 9, renforce la protection de la liberté religieuse et de la non-discrimination en Europe. Cet instrument régional, ainsi que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, fournit un mécanisme permettant aux individus de demander réparation pour les violations de leurs droits religieux. De plus, la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (CCPMN) joue également un rôle crucial en Europe, en promouvant des conditions pour préserver et développer l'identité religieuse et culturelle des minorités.

Enfin, les organismes internationaux tels que le Comité des droits de l'homme des Nations Unies (CDH) et le Rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté de religion ou de conviction sont essentiels pour surveiller le respect de ces normes. Ils fournissent des orientations, examinent les pratiques des États et offrent des recommandations pour garantir que les droits consacrés dans les instruments internationaux soient effectivement mis en œuvre.

 Cadre réglementaire national

La protection de la diversité religieuse au niveau national est mise en œuvre par des dispositions constitutionnelles et des instruments juridiques, qui varient considérablement entre les différents États, reflétant des contextes historiques et culturels divers. Les constitutions peuvent faire référence à la religion de différentes manières, des mentions symboliques dans les préambules à la gouvernance détaillée des relations entre l'État et la religion. Par exemple, les constitutions de la Géorgie, de l'Allemagne, de la Grèce, de l'Irlande, du Liechtenstein, de la Pologne et de la Suisse incluent des références à la divinité ou des déclarations religieuses.

The sadhus are a minority within Hinduism, representing an ascetic and extreme way of life not followed by the majority of Hindus. In India, sadhus have legal protection that allows them to practice their way of life and perform religious rituals without interference.
Les sadhus sont une minorité au sein de l'hindouisme, représentant un mode de vie ascétique et extrême non suivi par la majorité des hindous. En Inde, les sadhus bénéficient d'une protection juridique qui leur permet de pratiquer leur mode de vie et d'accomplir des rituels religieux sans ingérence. Photo par Ninara.

Dans certains cas, les dispositions constitutionnelles régissent les relations entre les entités religieuses et l'État ou des aspects de l'organisation interne de ces entités. Souvent, ces relations se limitent à une seule entité religieuse au sein de la tradition majoritaire de la société dans un État donné. Des pays européens comme Malte, Monaco, le Danemark, l'Islande, la Norvège et la Grèce ont des constitutions reflétant cette relation. Cependant, certaines constitutions déclarent explicitement la séparation entre l'Église et l'État, comme celles de l'Azerbaïdjan, du Portugal, de l'Italie, de la Belgique, de la Pologne, de la Slovaquie, de la Slovénie, de l'Albanie, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Moldavie, de l'Ukraine et de la Russie.

Les protections légales existantes pour la diversité religieuse présentent des lacunes et des chevauchements significatifs.

Les protections constitutionnelles les plus courantes incluent la liberté de religion, garantissant que les individus peuvent choisir librement leur religion, et l'interdiction de la discrimination fondée sur la religion.

Ces dispositions sont présentes dans la plupart des constitutions démocratiques et sont conformes aux normes internationales des droits de l'homme. Le droit des membres des minorités de professer leur religion est moins fréquemment et moins explicitement prévu.

Les constitutions de la Croatie, de la Serbie, de la Macédoine du Nord, de l'Albanie et du Kosovo incluent explicitement ce droit, garantissant que les groupes religieux minoritaires peuvent maintenir leurs pratiques et institutions religieuses.

De plus, il existe une asymétrie notable dans la couverture des trois principaux droits liés à la diversité religieuse. Bien que la liberté de religion et le droit à la non-discrimination fondée sur la religion soient inscrits dans presque tous les systèmes juridiques, le droit des membres des minorités religieuses de professer leur religion n'est explicitement mentionné que dans quelques-uns. Cette incohérence est encore exacerbée par l'abondance de la législation et de la jurisprudence sur les deux premiers droits, par rapport à l'attention juridique limitée accordée au troisième.

Les protections légales existantes pour la diversité religieuse présentent des lacunes et des chevauchements significatifs, compliquant leur efficacité. Malgré la reconnaissance généralisée de la liberté de religion et de la non-discrimination, les droits spécifiques des minorités religieuses sont souvent moins clairement définis et protégés. Cette ambiguïté conduit à des incohérences dans l'application et l'interprétation de ces droits à travers divers systèmes juridiques, sapant la protection effective de la diversité religieuse.

Gérer les différences humaines, en particulier la diversité religieuse, pose un défi significatif tant pour la religion que pour les cadres des droits de l'homme.

Le droit international et le droit constitutionnel comparé s'alignent généralement sur la protection de la diversité religieuse. Cependant, les contextes historiques et culturels divers aboutissent à des interprétations et des applications variées de ces protections et la diversité résultante conduit à une asymétrie dans la couverture légale. Bien que la liberté de religion et l'interdiction de la discrimination fondée sur la religion soient universellement reconnues, les droits des minorités religieuses à pratiquer leur religion ne sont pas toujours explicitement mentionnés ou adéquatement protégés.

Les analyses diachroniques et synchroniques des instruments juridiques existants révèlent que les origines des droits protégeant la diversité religieuse sont diverses, influencées par différents contextes historiques et culturels. La liberté de religion est interprétée et appliquée différemment selon les traditions nationales ou l'organe international de protection des droits de l'homme en question. Par exemple, la Cour européenne des droits de l'homme a été critiquée pour son interprétation étroite de l'Article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme, mettant davantage l'accent sur la liberté vis-à-vis de la religion que sur la liberté de religion. En revanche, les organes de traités de l'ONU tendent à offrir des protections plus larges pour le même droit.

Cette variabilité se reflète dans les lois nationales. Avoir des dispositions en place pour protéger les mêmes droits ne garantit pas une interprétation ou une mise en œuvre cohérente. Par conséquent, les lacunes ou les failles dans la protection de la diversité religieuse affectent particulièrement les groupes minoritaires ou vulnérables.

De plus, il existe une asymétrie notable dans la couverture des trois principaux droits liés à la diversité religieuse. Bien que la liberté de religion et le droit à la non-discrimination fondée sur la religion soient inscrits dans presque tous les systèmes juridiques, le droit des membres des minorités religieuses de professer leur religion n'est explicitement mentionné que dans quelques-uns. Cette incohérence est encore exacerbée par l'abondance de la législation et de la jurisprudence sur les deux premiers droits, par rapport à l'attention juridique limitée accordée au troisième.

Les origines et le développement de ces droits dans divers contextes nationaux contribuent à une relation peu claire entre les trois, entraînant une ambiguïté quant à la portée de la protection de chaque droit. Ce manque de traitement systématique et cohérent aboutit à des lacunes et des chevauchements dans les protections légales actuelles, diminuant leur efficacité à protéger la diversité religieuse et affectant les droits des groupes minoritaires.

Conclusion

Gérer les différences humaines, en particulier la diversité religieuse, pose un défi significatif tant pour la religion que pour les cadres des droits de l'homme. La protection juridique de la diversité religieuse a évolué au fil des siècles, reflétant divers contextes historiques et culturels, mais reste marquée par des lacunes et des chevauchements qui compliquent son efficacité. Ces incohérences découlent des interprétations et applications fragmentées des principes de liberté de religion et de non-discrimination dans les différents systèmes juridiques nationaux et internationaux.

Gérer la diversité religieuse dans les sociétés démocratiques nécessite une approche cohérente et systématique des protections légales.

Le cadre juridique actuel montre que, bien que les principes de liberté de religion et de non-discrimination soient largement reconnus, les droits spécifiques des minorités religieuses sont souvent moins clairement définis et protégés. Cette ambiguïté entraîne des incohérences qui sapent la protection effective de la diversité religieuse. Pour relever ces défis, un changement de paradigme est nécessaire, passant des protections spécifiques des minorités à un cadre plus large qui met l'accent sur les droits universels pour toutes les identités, y compris celles des groupes minoritaires.

Ce changement implique de reconnaître que la protection de la diversité religieuse ne doit pas se limiter à des groupes minoritaires spécifiques, mais doit s'étendre à toutes les affiliations religieuses qui ne constituent pas la majorité au sein d'un État. En adoptant une approche plus inclusive, nous pouvons nous éloigner d'un paradigme qui accorde des droits différenciés à des minorités religieuses concrètes vers un paradigme qui garantit une protection égale en vertu des droits universellement reconnus de liberté de religion et de non-discrimination.

Mettre en œuvre cette approche inclusive nécessite un cadre juridique complet qui définit clairement et protège les droits de tous les groupes et individus religieux. Cela inclut des lois robustes contre la discrimination, des mécanismes d'application efficaces et un engagement à la neutralité de l'État en matière religieuse. De plus, les instruments internationaux des droits de l'homme doivent être exploités pour établir des points de référence pour les lois nationales et fournir un cadre pour aborder les questions transfrontalières liées à la diversité religieuse.

En conclusion, gérer la diversité religieuse dans les sociétés démocratiques nécessite une approche cohérente et systématique des protections légales. En abordant les lacunes et les chevauchements dans le cadre juridique actuel, les sociétés démocratiques peuvent mieux défendre les principes de dignité humaine et de pluralisme. Ce cadre juridique inclusif garantira que tous les individus et groupes religieux, quelle que soit leur taille ou leur influence, reçoivent une protection égale en vertu de la loi, jouissant de leurs droits par leur propre identité et non malgré elle.

Il ne s'agit pas d'élargir la reconnaissance de (nouveaux) droits ou de nouveaux titulaires de droits, mais de permettre l'exercice des droits fondamentaux à toutes les identités existant dans la société. Par une adaptation continue et une vigilance, les sociétés peuvent créer un environnement qui embrasse véritablement le pluralisme et respecte la dignité et les droits de chaque personne, favorisant un ordre social plus inclusif et équitable.

Adapté de Ruiz Vieytez, E. (2024), “Religious Diversity, Minorities and Human Rights: Gaps and Overlaps in Legal Protection”. Religions, 15 (1), p. 87; DOI: 10.3390/rel15010087 (sous licence CC BY 4.0). CC BY 4.0).

Comment citer cet article

Ruiz Vieytez, E. (2024, 27 juin). La protección jurídica de la diversidad religiosa: lagunas y desafíos. Politics and Rights Review. https://politicsrights.com/fr/protections-legales-diversite-religieuse/
DOI: 10.5281/zenodo.12559745
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Professeur de droit à l'Université de Deusto (Bilbao), il a été vice-recteur, doyen de la Faculté des sciences sociales et humaines, et directeur de l'Institut des droits de l'homme. Il a conseillé le Médiateur basque, dirigé une ONG pour les droits des immigrants, siégé au Conseil espagnol pour l'intégration des migrants et au Comité scientifique du pluralisme religieux, et participé à des missions du Conseil de l'Europe. Ses recherches portent sur les politiques d'intégration, les conflits nationaux, les droits des minorités et l'intersection des droits de l'homme avec la diversité religieuse, linguistique et culturelle.